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Prêts pour le grand défi de l’électromobilité

EN MATIERE D’ÉLECTROMOBILITÉ, LE LUXEMBOURG EST INCONTESTABLEMENT UN PRÉCURSEUR. C’EST LE SEUL PAYS A AVOIR PRÉVU L’INSTALLATION D’ICI 2020 DE BORNES DE CHARGE SUR L’ENSEMBLE DE SON TERRITOIRE. POUR RÉUSSIR CET INCROYABLE TOUR DE FORCE EN MOINS DE 4 ANS, LE GOUVERNEMENT LUXEMBOURGEOIS A FAIT APPEL AUX GESTIONNAIRES DE RÉSEAUX. LE PROJET CHARGY EST NÉ ET CREOS Y JOUE LE RÔLE LE PLUS IMPORTANT.

Le projet est d’envergure : d’ici 2020, les 5 gestionnaires ont reçu l’obligation, en vertu d’un règlement grand-ducal, d’installer dans tout le pays 800 bornes de charge publiques pour les voitures électriques et plug-in hybrides. La moitié de ces bornes sera installée sur les parkings publics des communes et l’autre sur les parkings Park & Ride (P+R). Chaque borne étant équipée de deux points de charge, le réseau comportera au final 1.600 emplacements de stationnement dédiés à la mobilité électrique. Chaque commune disposera au moins d’une borne de charge.

Pour mener à bien cette mission, les 5 gestionnaires de réseaux se sont associés et ont nommé, suite à un appel d’offres européen, un opérateur unique commun chargé de fournir les bornes et de gérer, sous leur responsabilité, ce nouveau réseau. A elle seule, Creos est responsable du financement, de l’exploitation et de la maintenance de 750 bornes, soit plus de 90 % du réseau ! Creos a donc un intérêt particulier de mener à bien cette vaste opération nationale.

Un système de paiement unique pour tout le pays

« Nous avons placé les premières bornes au mois de mars 2017 », précise Sébastien Bertrand, chargé du projet au sein de Creos en tant que Project Manager E-mobility. « Chaque borne comprend deux prises aux normes européennes pour charger deux voitures simultanément, un lecteur de cartes RFID et un interface multilingue. Le point de charge est modulable de 3,7 kW (charge lente) à 22 kW (charge accélérée). Les utilisateurs ont accès aux bornes grâce à un système de paiement uniforme via une carte magnétique. Soit ils achètent une carte prépayée, soit ils commandent une mKaart dernière génération, ou l’alimentent, s’ils en ont déjà une, auprès d’un fournisseur de service de charge de leur choix. La mKaart, valable sur tout le territoire luxembourgeois, leur permet de recharger leur voiture électrique mais aussi d’avoir accès à toute une série de services et produits liés à la mobilité comme l’accès aux parcs à vélo, l’achat de tickets ou d’abonnement en ligne pour tous les transports publics. »

« Une application Chargy liée à ces bornes (my.chargy.lu) est disponible sur Internet via un identifiant et un mot de passe et accessible à partir de n’importe quel smartphone, tablette ou ordinateur », poursuit Sébastien Bertrand. « Grâce à cette application, l’utilisateur peut consulter le nombre de charges effectuées, rechercher les points de charge disponibles en temps réel, les localiser et créer un itinéraire pour s’y rendre le plus rapidement. Il est également possible de réserver sur le site une borne et y indiquer la durée de réservation. »

Un important travail de préparation et de coordination

« D’ici la fin de l’année 2017, nous comptons installer plus de 200 bornes de charge », ajoute René Ney, Head of Grid Planning & Calculation. « Pour atteindre cet objectif, un important travail de préparation et de coordination est indispensable. En ce qui concerne les parkings publics, nous devons calculer s’il est possible de raccorder une ou plusieurs bornes avec une puissance maximale de 2 x 22 kW aux emplacements prévus par les communes, en général à proximité de points d’intérêt tels que les écoles, les mairies et les sites sportifs, touristiques ou culturels. Nous devons ensuite nous coordonner avec les différents corps de métier et les communes tout en optimisant l’emploi du temps de nos collaborateurs chargés de placer les bornes. Dans les P+R, les contraintes techniques sont d’un autre ordre. Dans certains cas, comme les parkings relais avec plus de 50 bornes, le réseau devra être renforcé et, le cas échéant, des postes de transformation remplacés. Notre planning est aussi très dépendant de celui de partenaires comme les CFL et l’Administration des Ponts et Chaussées. Des chantiers comme, par exemple, Heienhaff au Findel ou le nouveau stade national à Kockelscheuer n’ont pas encore commencé. »

En outre, pour des endroits où le parc de bornes est important comme les P+R, le système de charge contrôlée ou intelligente (smart charging) est primordial. « Au fur et à mesure de l’utilisation des bornes de charge, il faudra réguler en temps réel les flux d’énergie sans sur-solliciter le réseau. Il se peut même que dans un cas extrême, l’utilisateur doive préciser le temps de réservation et l’autonomie souhaitée au départ de la borne », explique René Ney.

Un véritable catalyseur  pour la mobilité électrique

« Ce parc de 800 bornes déployées sur l’ensemble du territoire va surtout servir de catalyseur pour la mobilité électrique », commente Alex Michels, Head of Asset Management. « En offrant la possibilité aux utilisateurs de recharger plus fréquemment leur véhicule lors de leurs déplacements, il va inciter le grand public à davantage opter pour la mobilité électrique, surtout si l’on y ajoute les abattements fiscaux prévus par l’Etat. Le gouvernement prévoit que d’ici 2020, les voitures électriques et plug-in hybrides représenteront 25 % des nouvelles immatriculations, soit environ 12.000 véhicules par an ! Le nouveau réseau public, que nous sommes en train de mettre en place avec les autres gestionnaires, sera donc appelé à grandir dans un futur proche avec l’intégration de bornes supplémentaires. Sont surtout visées les bornes additionnelles installées par des entreprises privées, des commerces, des grandes surfaces ou d’autres centres d’intérêt. »

Cette croissance attendue du marché de l’électromobilité va également engendrer d’importants et nouveaux appels de puissance décentralisés qui devront être maîtrisés. « C’est le plus grand défi de Creos dans les années à venir », reconnaît Alex Michels, « parce qu’il est très difficile à l’heure actuelle d’en évaluer l’impact avec précision. Tout d’abord parce que l’électromobilité ne concerne pas seulement les voitures électriques et plug-in hybrides mais aussi les vélos et autobus électriques ainsi que Luxtram à Luxembourg-Ville. Ensuite, parce que la majeure partie des recharges effectuées sur les véhicules électriques se feront le soir à domicile, à un moment où les pics de consommation sont déjà importants. Pour donner un ordre de grandeur, un ménage au Luxembourg consomme en moyenne 4.000 kWh par an, soit 0,5 kW en moyenne par heure. Pour recharger une voiture électrique, il faut compter au minimum 3,7 kW par heure, soit une consommation 8 fois plus importante ! Nous allons donc devoir faire face à une situation que nous n’avons jamais connue auparavant. Nous sommes cependant confiants. Notre société a su prouver, dans le passé, qu’elle était capable de relever des challenges, aussi importants soient-ils. »

Last modified: May 22, 2017

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